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Joël, chapitre 3 – « Je répandrai Mon esprit sur toute chair.»

06.04.2025

Joël, chapitre 3 – « Je répandrai Mon esprit sur toute chair.» leçon en hébreu

Le chapitre 3 s’ouvre sur l’expression « Et il arrivera ensuite ». D’un côté, il est clair que cela poursuit la réponse de D' à la prière des prêtres, mais d’un autre côté, on comprend qu’il s’agit d’une nouvelle étape. Cette étape s’ouvre par une promesse bouleversante : « Et il arrivera ensuite que Je répandrai Mon esprit sur toute chair ». Le peuple, qui se sent abandonné, qui ne croit plus à la presence de D' méritera la prophétie. non pas une prophétie quelquonque : non pas une prophétie réservée à l'élite, non plus une parole divine qui passe par des intermédiaires pour atteindre le peuple, mais un lien direct entre chaque être humain et son Créateur.
Si l’on se réfère à la Torah, il semble que tel était le projet initial. Au début de l’histoire, à l’époque des Patriarches, la révélation n’était pas l’apanage d’un petit nombre. Certes, les Patriarches bénéficiaient d’un lien direct avec D', mais même des rois païens comme Pharaon ou Abimélekh recevaient des messages divins. Plus tard, à la mer des Joncs, « une servante vit sur la mer ce que ni Isaïe ni Ézéchiel n’ont vu » (Mekhilta de Rabbi Yishmaël, traité de la Chira, paracha 3), et au mont Sinaï, le peuple tout entier entend la voix divine. Qu’est-ce qui a pu causer le changement ?
Le veau d’or. Après cette faute, D' retire Sa présence et refuse de revenir. Il accepte de maintenir Son alliance et d’accorder au peuple toutes les bénédictions du monde, mais uniquement par l’intermédiaire d’un ange : « J’enverrai un ange devant toi et Je chasserai le Cananéen [...] vers une terre ruisselant de lait et de miel, car Je ne monterai pas au milieu de toi, car tu es un peuple à la nuque raide, de peur que Je ne te consume en chemin » (Chémot 33, 2-3). Moïse refuse cette proposition et exige que D' revienne en personne : « Si Ton visage ne nous accompagne pas, ne nous fais pas monter d’ici » (Chémot 33, 15). D' accepte ses paroles, mais partiellement : Sa présence sera avec Moïse, et il dirigera le peuple. Ainsi, D' demeure au sein du peuple par l’intermédiaire de Moïse : « Voici que Moi Je conclus une alliance, devant tout ton peuple Je ferai des merveilles jamais créées sur toute la terre et parmi tous les peuples. Et tout le peuple au milieu duquel tu te trouves verra l’œuvre de l’Éternel, car ce sera une chose redoutable que J’accomplirai avec toi » (Chémot 34, 10). Pour approfondir ce point, vous pouvez écouter le cours joint du Dr Yoshi Farajun.
C’est en fait le modèle de la prophétie à partir de ce moment-là dans le Tanakh : plus de lien direct avec D', mais une médiation par un prophète qui transmet Ses messages au peuple. La prophétie de notre chapitre annonce que cette punition ne durera pas toujours. D' répandra Son esprit sur toute chair, et chacun méritera de renouer un lien personnel avec Lui. Il ne s’agira plus seulement de savoir ce que D' a dit, mais de vivre en lien avec Lui.
Pour conclure, soulignons un point important. Nous n’avons pas eu le mérite de vivre à l’époque des prophéties. Mais nous avons tout de même le privilège de voir la main de D' dans le monde : quand on ouvre les yeux, il est clair qu’Il nous protège de nos ennemis, qu’Il nous envoie bénédictions et abondance. Mais Il ne communique plus avec nous par la parole. Le stade où nous nous trouvons dans l’histoire ressemble à celui de l’époque post-veau d’or, avant la prière de Moïse : « J’enverrai un ange devant toi et Je chasserai le Cananéen ». La démarche de Moïse pour faire avancer les choses, était de dire à D' que ça n’était pas suffisant.
Comme dans un couple après une dispute, où l’homme quitte la maison en disant à sa femme : « Je continuerai à t’envoyer de l’argent, mais je ne veux plus vivre avec toi ». Il attend de voir : est-ce qu’elle va accepter de recevoir les bénédictions de loin, ou bien exigera-t-elle : « Je ne me contente pas des cadeaux, je veux toi-même » ? Est-ce que nous réclamons la présence de D' Lui-même ? Est-ce que nous prions uniquement pour la délivrance, ou aussi pour Sa présence ? Pour la réussite matérielle, ou aussi pour le retour de la prophétie, du lien direct avec le Créateur ?
Le message du livre de Joël est que la porte du divin est toujours ouverte à la prière. Et apparemment… même à des prières à ce sujet.

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