Chapitres 7 et 8 – La faute de Akhan et la guerre de Aï

Chapitres 7 et 8 – La faute de Akhan et la guerre de Aï

La lecture de nos chapitres laisse le lecteur face à une question évidente : pourquoi le peuple est-il puni par la faute d’un seul homme – Akhan ? Pire encore – le lecteur ne peut que s’étonner que le vol se réduisant à un simple « riche manteau de Shinear » (et quelques autres menus objets) dérobés par un unique individu, entraine la défaite du peuple tout entier. La gravité de l’accusation au verset 11 « Israël a péché ; ils ont transgressé l’alliance que je leur avais prescrite, et même ils ont pris ce qui était voué à l’anathème, ils l’ont volé, dissimulé et mis dans leurs affaires » parait d’autant plus disproportionnée lorsque l’on découvre en quoi consiste le vol !
Cette question a préoccupé les exégètes – nous joignons à la fin de notre résumé, un lien vers un cours du Rav Medan (cours en Hébreu) qui traite de ces questions dans un contexte plus large. Le Rav Medan voit un fil conducteur tout au long des chapitres 7 et 8 : la faute de Akhan, la bataille de Aï, le repentir et la victoire s’en suivant gravitent autour d’une question plus générale : les victoires militaires doivent-elles être attribuées à une aide Divine ou à une puissance et une génie tout humains.

Nous nous contenterons de mettre en exergue un point : les enfants d’Israël se trouvent à l’aube de leur entrée en Terre d’Israël. Cette entrée est non sans risques, tant militaires que spirituels. 
Le livre de Devarim tout comme une partie du livre de Josué mettent en garde face aux dangers spirituels qu’encourt le peuple à son entrée dans la Terre promise : le passage du Jourdain qui s’était accompagné de la cérémonie de la traversée de l’Arche portée par les prêtres, tout comme l’édifice de pierres célébrant le miracle sont autant de rappels que l’entrée en Terre d’Israël n’est que le corolaire du maintien de l’Alliance. De même, le chapitre 8 et l’alliance renouée aux monts Gerizim et Eival rappellent que l’alliance est synonyme de bénédiction, mais aussi de malédiction si elle se voit transgressée.
Enfin, la fin du livre de Josué et son discours final traitent de manière flagrante de cette question de l’alliance et du souci pour les générations futures.

Ainsi, une perspective plus vaste semble sous-jacente dans les guerres de Jéricho et d’Aï. De par leur précédence, elles portent un caractère presque dramatique : toute erreur de perception peut être critique quant à l’avenir. 
Ainsi, ne pas toucher au butin, respecter l’anathème ordonné par Dieu signifie que l’on reconnait que la victoire doit Lui être imputée. S’approprier le butin signifie par contre que la victoire est perçue comme toute humaine. La faute de Akhan prend dès lors une perspective plus large, se répercutant effectivement sur tout le peuple.

Un prophète plus tardif Osée, fait encore allusion à cette faute de Akhan, la replaçant dans un contexte plus large. Le chapitre 2 du livre d’Osée, rappelant la sortie du désert pour entrer en Israël, nous dit :
« Là, je lui donnerai ses vignes et la vallée d'Acor, comme une porte d'espérance, et là, elle chantera comme au temps de sa jeunesse, et comme au jour où elle remonta du pays d'Égypte. »
La vallée de Acor citée par le prophète n’est pas sans rappeler le terme עכר – employé pour décrire la faute de Akhan. Ainsi, au temps d’Osée, le peuple d’Israël doit encore méditer cette faute quasi-originelle et transformer la vallée de Akor en une porte d'espérance (Pétah-Tikva)
 

Archéologie et « réel » dans nos chapitres

Nous finirons par deux remarques d’ordre plus « académique » :
1-     Le monde des études bibliques a été longtemps préoccupé par le problème de la datation de la conquête de Aï. Un des lieux supposés pour la localisation de Aï semble faire dater sa destruction à une date antérieure à celle de Josué. L’article (en Hébreu) du Rav Bin-Noun (joint à la fin de ce résumé) répond à ces questions.
2-    Le chapitre 8 décrit l’alliance nouée aux monts de Gerizim et Eival. Nous invitons les lecteurs à se documenter sur les fouilles archéologiques menées par A.Zertal sur le Mont Ébal.