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Isaïe 53 – Voici que mon serviteur réussira et le débat avec le christianisme

31.01.2025

Isaïe chapitre 53 – Voici que mon serviteur réussira et le débat avec le christianisme. leçon en hébreu

Le chapitre 53 d'Isaïe a été pendant de nombreux siècles au centre d'un grand débat avec le christianisme. Aujourd'hui encore les publicités sur YouTube pour les Juifs messianiques font l’usage de ce chapitre.
Le chapitre décrit le serviteur de l'Éternel, "Voici que mon serviteur réussira" (le passage débute à la fin du chapitre 52). L'état du serviteur, tel qu'il est décrit dans ce chapitre, est réellement mauvais. Les versets insistent sur l'étonnement qu’il suscite la société de par son apparence défigurée et abîmée : "Comme beaucoup se sont étonnés de toi, ainsi défiguré était son aspect" (53:14). Il est décrit comme malade et misérable : "Méprisé, repoussé des hommes, homme de douleurs, expert en maladies, il était comme un objet dont on détourne le visage, une chose vile dont nous ne tenions nul compte." (53:3). Son mauvais état soulève la question : comment cela se fait-il que ce soit le serviteur de l'Éternel ? Et pourquoi souffre-t-il autant ? "Qui a ajouté foi à l'annonce qui nous a été faite? Et à qui s'est révélé le bras de D’?" (53:1) – Il est difficile de croire que l’élu de D’ subit de telles souffrances.
La majeure partie du chapitre répond à la question du pourquoi de la souffrance de ce serviteur. La réponse est très surprenante : le serviteur souffre pour expier les péchés des autres, par exemple : "Délivré de l'affliction de son âme, il jouira à satiété du bonheur; par sa sagesse le juste, mon serviteur, fera aimer la justice à un grand nombre et prendra la charge de leurs iniquités." (53:11). C'est une idée surprenante et relativement rare dans les Écritures. Que signifie être une personne juste qui expie les péchés des autres ?
Qui est le personnage décrit dans ce chapitre ? Les sages du Talmud ont interprété ce passage comme parlant du Messie : "Voici le Messie qui est plus grand que les patriarches, comme il est dit : voici que mon serviteur réussira, il s’élèvera, il s’élèvera, il sera exalté" (Midrash Aggada, Genèse 45). Il est important de se pencher sur la question de ce que signifie le fait que le Messie expie les péchés d'Israël.
Au Moyen Âge, les chrétiens utilisaient ce chapitre comme leur "passage phare", considérant cet "homme" comme– un Messie mourant à cause des péchés du peuple et expiant ainsi pour eux. Cette interprétation chrétienne a conduit à de nombreux débats, dont le plus célèbre est la dispute de Nahmanide (Ramban). Voici un extrait de ses propos lors de cette dispute (tiré du Débat de Nahmanide) : "Cet homme a dit : voici que le passage 'Voici que mon serviteur réussira' parle de la mort du Messie et de sa venue entre les mains des impies, comme cela a été le cas pour Jésus. Croyez-vous que ce passage parle du Messie ? Je lui ai répondu : dans son sens véritable, il parle en fait d'Israël dans son ensemble, car c'est ainsi que les prophètes les appellent constamment : 'Israël mon serviteur', 'Jacob mon serviteur'. Il a répliqué : mais je vais vous prouver par les sages que ce passage parle du Messie. Je lui ai dit : c'est vrai que nos ancêtres l'ont interprété comme parlant du Messie, mais ils n'ont jamais dit qu'il mourrait aux mains de ses ennemis... Je vais vous expliquer ce passage, si vous voulez une explication claire et détaillée, il n'est jamais question qu'il meure comme dans votre version du Messie. Mais ils ne voulaient pas entendre".
Comme Nahmanide, de nombreux commentateurs médiévaux (par exemple, Rachi, Abarbanel, Radak) ont interprété ce chapitre comme parlant d'Israël. Israël est le juste qui souffre à cause de l'exil. Ce passage dit que les souffrances d'Israël et de son peuple sont une expiation pour les nations et pour le monde entier. Selon cette interprétation, le sens du chapitre réside dans les relations entre Israël et le monde : Israël, en tant que serviteur de D’, doit même souffrir pour le bien du monde et pour sa rédemption. Il est important de noter que cette interprétation a été formulée au Moyen Âge, une période où Israël était effectivement méprisé et détesté par les nations, il y a ici une déclaration dramatique sur la signification de ces souffrances. Vous êtes invités à lire les propos du Professeur Yehuda Eisenberg, qui développe cette interprétation du chapitre : lien vers l'article.
Le Rabbin Yoel Ben-Nun propose une autre interprétation, selon laquelle le juste souffrant décrit dans ce chapitre n'est autre que le prophète Isaïe. Le Rabbin Yoel relie cela aux propos du Talmud concernant la manière dont le roi Manassé a tué le prophète Isaïe. Selon cette lecture, le passage ne décrit pas un juste qui souffre pour les péchés des autres, mais l'état déplorable du peuple à Jérusalem – qui humilie et finit même par tuer son prophète. Les propos du Rabbin Yoel s'inscrivent dans son idée que les chapitres 50 à 53 d'Isaïe appartiennent à l'époque de Manassé (comme le mentionne le Rabbin Medan dans un panel tenu cette semaine) où les prophètes étaient persécutés et cette situation est reflétée dans notre chapitre. Pour lire son interprétation complète du chapitre, voici le lien : lien vers le texte du Rabbin Yoel Ben-Nun.

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