Chapitre 17 – "Le D’ de mon père, qui me nourrit, sera avec Élie le prophète."

Chapitre 17 – "Le D’ de mon père, qui me nourrit, sera avec Élie le prophète." leçon en hébreu

Élie fait son entrée dans le récit avec force. La Bible ne nous présente pas le personnage, ne raconte pas ses origines et va même jusqu’à omettre de préciser s'il a été envoyé par l'Éternel. Il va directement à l'essentiel : "Elie le Tisbite, un de ceux qui s'étaient établis en Galaad, dit à Achab: "Par le Dieu vivant, divinité d'Israël, à qui s'adressent mes hommages! Il n'y aura, ces années-ci, ni pluie ni rosée, si ce n'est à mon commandement." (1 Rois 17:1).

Élie est l'un des prophètes les plus connus du grand public et sa figure nous accompagne tout au long du calendrier et des rites de la vie juive. Il est cité dans le texte de la cérémonie de la Brit Mila, pour le Seder de Pessah, il est mentionné dans la bénédiction d’après le repas et est censé annoncer la rédemption. Dans les  contextes pré-cités ainsi que dans les récits talmudiques, il est représenté comme un prophète bien-aimé, un grand-père aux cheveux blancs, symbolisant l'espoir et la grâce, annonçant de bonnes nouvelles de joie, salut et consolation.

La raison pour laquelle Élie est devenu le "messager" est liée à la prophétie énoncée dans le livre de Malachie : " Or, je vous enverrai Elie, le prophète, avant qu'arrive le jour de l'Eternel, jour grand et redoutable!"  (Malachie 3:23). Mais à mesure que nous progresserons dans la découverte du personnage d’Élie au fil des chapitres suivants nous pourrons constater que la façon dont le texte le dépeint dans le Livre des Rois est très différente de celle des récits talmudiques.

D’entrée de jeu, on perçoit sa rigueur. Élie s’adresse à Achab, sans préciser s'il agit de sa propre initiative ou s’il parle au nom de D’. Il annonce qu'il est celui qui décide et qu’il n’y aura pas de pluie tant qu’il ne l'annoncera pas. Nous comprenons que la malédiction est fondée sur un avertissement tiré du second passage du Shema :  "Gardez-vous de vous laisser égarer, de vous détourner et de servir d'autres dieux et de vous prosterner devant eux, car la colère de l'Éternel s'enflammera contre vous, il fermera les cieux et il n'y aura pas de pluie." (Deutéronome 11:16-17). Le peuple d'Israël s'est effectivement livré à l'idolâtrie comme jamais auparavant et la punition est appropriée. Cependant, l'expression "sur ma parole" et le fait que la Bible ne précise pas si Élie agit par ordre de D’ ou par initiative personnelle nous font comprendre qu’Élie est un fervent zélote.

Le zèle est une caractéristique marquante du personnage d'Élie. Il fixe un niveau à atteindre et l'exige de tous. Il exige ce même niveau de lui-même bien sûr, mais aussi de son entourage. Selon les Sages, d'Élie représente le prophète qui « revendique l'honneur du Père » mais « ne revendique pas l'honneur du fils ». Cela signifie qu'il est en attente et exige la gloire de D’ : si le peuple d'Israël ne se comporte pas correctement, cela le met en colère et il s'efforce de corriger le comportement du peuple. Cependant, il ne revendique pas le bien-être du peuple et se préoccupe moins de savoir si la situation d’Israël est bonne ou non.

La sécheresse qu’Élie décrète a des conséquences pour le peuple. D’ l’ envoie se cacher près du torrent de Kerith, et il constate les effets de l’assèchement des eaux . Ensuite, il va chez une femme veuve de Tsarfat, qui n’a plus de nourriture – probablement à cause de la sécheresse. Le peuple paie le prix de la malédiction. Ce n'est pas qu'ils ne le méritent pas, mais la Bible choisit de nous présenter les conséquences des actes d’Élie plutôt que les implications religieuses.

Dans les chapitres suivants, nous lirons d'autres récits qui étoffent encore la complexité du personnage ainsi que ses traits de caractère. Deux questions importantes se dégagent :

Élie était une personne très impressionnante d'un point de vue religieux, il vivait dans une tension spirituelle élevée, au point qu’il a obtenu ce que d’autres n’ont pas eu : il est monté au ciel dans un tourbillon. Mais en tant que prophète du peuple, en tant qu' "éducateur", sa méthode  est elle efficace ? Est-ce que la sécheresse, l'épisode du Mont Carmel et, plus généralement, son action de prophète ont atteint leur objectif ?
Quelle est la signification du tournant qu’a pris le personnage d’Élie ? Comment, de prophète zélé, il devient celui qui annonce la rédemption ? Et que devons-nous en apprendre ?