Osée, chapitre 9 – L’exil.

Osée, chapitre 9 – L’exil. leçon en hébreu

La menace de l’exil apparaît dans notre chapitre : « Ils ne demeureront pas sur la terre de l’Éternel » (9,3). Il est intéressant de noter que la menace ne porte pas tant sur la condition physique de l’exil que sur ses implications spirituelles. Le texte ne dit pas simplement qu’ils ne vivront plus sur leur terre, mais qu’ils ne résideront plus sur la terre de l’Éternel. Les conséquences en découlent : « Éphraïm retournera en Égypte, et en Assyrie ils mangeront une nourriture impure. Ils ne feront plus d’aspersion de vin à l’Éternel, et leurs sacrifices ne lui seront plus agréables. Ils seront pour eux comme un pain de deuil : tous ceux qui en mangeront seront impurs, car leur pain est pour eux-mêmes, il n’entrera pas dans la maison de l’Éternel » (9,3-4).

Osée compare la situation d’Israël à l’histoire de la concubine de Guibea : « Ils se sont profondément corrompus comme aux jours de Guibea ; il se souviendra de leurs fautes, il châtiera leurs péchés » (9,9). Ce récit (Juges 19-21) est l’un des plus choquants de l’histoire d’Israël, gravé dans la mémoire nationale comme un sommet de déchéance morale. La comparaison avec ce drame s’établit sur deux niveaux :

Les fautes morales – À l’époque d’Osée, comme lors de la période des Juges, Israël est plongé dans l’adultère, la prostitution et le meurtre. Si le péché est décrit en termes d’infidélité et de débauche, cela rappelle également l’épisode du Baal Peor (Nombres 25), autre référence mentionnée par Osée.

L’absence de roi en Israël – Un des problèmes centraux du récit de Guibea est l’anarchie totale. Erreur après erreur, chacun agit à sa guise en l’absence d’un pouvoir central capable de restaurer l’ordre. C’est aussi la situation dans les derniers jours du royaume de Samarie. Que la prophétie ait été donnée à une époque où les rois se succédaient au rythme des révoltes, ou à une période sans roi du tout (d’après les calculs chronologiques du livre des Rois, il semble qu’avant le règne du dernier roi, Osée ben Éla, il y ait eu une phase d’interrègne), le parallèle est frappant.

Plus loin dans le chapitre, la prophétie annonce également une destruction physique avec la menace du meurtre des enfants. Cette menace évolue ensuite en un avertissement plus radical : la stérilité empêchera même leur naissance. La plupart des commentateurs expliquent qu’Osée implore la miséricorde divine, demandant que les enfants ne naissent pas plutôt que d’être tués plus tard, ce qui atténuerait la douleur du deuil. Le Malbim propose une autre interprétation : il s’agirait d’une punition mesure pour mesure – le péché de l’adultère et de la débauche mérite une sanction proportionnelle, privant les Israélites de la capacité d’avoir des enfants.