Psaume 37 – "Encore un peu, et le méchant n’est plus"

Psaume 37 – "Encore un peu, et le méchant n’est plus". leçon en hébreu

Notre psaume est un psaume de sagesse. Il ne contient ni prière, ni lamentation, ni aucune supplication adressée à Dieu, mais uniquement des maximes destinées à éduquer l’auditoire. Le problème auquel le psaume s’attaque est celui du juste qui souffre – la question philosophique que la Bible traite le plus. Le psaume s’adresse aux justes, inquiets face aux méchants qui les persécutent, accumulent richesse et pouvoir, et prospèrent. La réponse que donne le psaume, c’est que tout finira par se renverser : il ne faut pas envier les méchants qui réussissent aujourd’hui, car en fin de compte, le malheur les frappera et les justes connaîtront le bonheur.

La lecture simple du psaume veut que dans le combat entre les bons et les méchants, ces derniers perdront, seront punis, et disparaîtront du monde :
*« Encore un peu, et le méchant n’est plus ; tu regardes à sa place, et il n’y est plus. »*
Dans un enseignement célèbre du Likoutei Moharan, Rabbi Naḥman de Bratslav donne une toute autre interprétation de ce verset :

> « Sache qu’il faut juger tout homme favorablement. Même quelqu’un qui est un méchant accompli, il faut chercher et trouver en lui un peu de bien – dans ce peu-là, il n’est pas méchant. Et par le fait même de trouver en lui un peu de bien, et de le juger favorablement, on l’élève véritablement du côté du mérite, et il est alors possible de le ramener à la téchouva (au repentir). C’est cela le sens de : "Encore un peu, et le méchant n’est plus ; tu regardes à sa place, et il n’y est plus." » (Likoutei Moharan §282).

Selon Rabbi Naḥman, "le méchant n’est plus", non pas parce qu’il aurait disparu, mais parce qu’il aura cessé d’être méchant. Et le moyen d’y parvenir, c’est précisément le rapprochement. Si l’on sait reconnaître les bons points qu’il possède, et que l’on donne du poids à ceux-là, ce sont eux qui se renforceront et croîtront.